« Les salariés français à l’heure de la transformation digitale ». C’est le thème qui m’a conduit récemment dans un amphithéâtre de Telecom Ecole de management-TEM (je n’étais pas revenu dans ces lieux depuis ma sortie de l’Ecole nationale supérieure des PTT qui était hébergée à l’époque rue Barrault, nostalgie, nostalgie…!).
Ce soir-là le HRM Digital Lab de TEM présentait la restitution d’une étude conduite avec ses partenaires: Kantar TNS, Open Sourcing, CFA EVE. L’étude consiste en un baromètre (un sondage) sur les salariés français à l’ère du digital et trois enquêtes thématiques: recrutement digital, management intergénérationnel, impact du digital sur les compétences.
Ce baromètre et ces enquêtes ont donné lieu à un livre blanc que l’on peut se procurer ici.
Parmi les différents enseignements de l’étude, je voudrais mettre l’accent sur les éléments suivants:
- 88% des salariés indiquent que le numérique impacte leur métier;
- 40% des salariés estiment que le numérique va rendre leur métier plus intéressant à l’avenir contre 22% qui estiment le contraire et 4% qui pensent que le numérique va faire disparaître leur métier (34% ne voient pas d’impact majeur);
- 65% des salariés considèrent avoir une bonne ou très bonne maîtrise du numérique dans leur travail.
Cette lucidité des salariés français et leur confiance en l’avenir sont vraiment remarquables alors que de nombreuses voix s’élèvent pour alerter sur les destructions d’emploi liées à la numérisation, à l’automatisation, à la robotisation d’un nombre toujours croissant de tâches toujours plus qualifiées.
Du coup je voudrais risquer trois hypothèses explicatives et non-exclusives:
- les salariés n’entendent pas ou ne veulent pas entendre ceux que l’on pourrait qualifier d’oiseaux de mauvais augure. Qu’ils soient partisans de la méthode Coué ou contempteurs du syndicat des allumeurs de réverbères, ceux-là se disent qu’il sera bien temps le moment venu, s’il vient et quand il viendra, de faire le grand saut numérique. Et puis dans bien des métiers (l’artisanat, les services à la personne, le commerce de détail alimentaire par exemple) l’impact du numérique relève bien plus de la transformation que de la révolution;
- les entreprises ont mis en place les démarches adéquates pour anticiper les évolutions et préparer leurs collaborateurs à la disruption. Elles ne sont vraisemblablement pas les plus nombreuses, il n’empêche qu’elles existent. Dans celles-là les salariés sont outillés, équipés, entraînés, préparés, formés et la transformation numérique n’est pas un slogan mais une réalité opérationnelle;
- les salariés ont acquis et développé dans leur vie personnelle et privée des compétences numériques bien supérieures à ce qui est aujourd’hui nécessaires à l’exercice de leur métier et c’est cet usage quotidien d’applications mobiles, de logiciels multiples, d’outils numériques variés qui donnent aux salariés l’aisance face à la transformation digitale.
On pourrait ainsi déterminer a minima une politique RH d’accompagnement de la transformation digitale et dont l’objectif serait de veiller à ce qu’une fracture numérique ne surgisse pas entre les salariés. Ça n’est pas le cas aujourd’hui. L’étude du HRM Digital Lab ne montre presque pas de variations selon les différents paramètres habituellement envisagés: age, sexe, qualification, localisation, branche professionnelle. C’est donc ce qu’il faut préserver et ne laisser personne sur le bord du chemin.
Aux DRH de faire en sorte que la confiance des salariés ne soit pas déçue.